coproduction Theatre de l'arc en ciel, compagnie la Salamandre

Tiphereth, La Belle Endormie

 

Pour célébrer les 20 ans des soirées d’été du Château de Machy, à l’initiative de Bertrand Boss co-fondateur de la Compagnie de la Salamandre et ami de longue date du Théâtre de l’Arc en Ciel pour lequel il a composé plusieurs musiques et bandes-son  de spectacles, la maîtrise du feu (La Salamandre) et   la dramaturgie (l’Arc en Ciel) se sont associées pour créer un spectacle itinérant dans le domaine et le château…

Le feu magnifie  les espaces, le temps et les hommes tandis que le théâtre  confère à ses prodigieuses manifestations  toutes les nuances de son rôle  d’éveilleur du sacré. Car au théâtre, le feu devient Parole et sa puissance symbolique  nous renvoie au réel … telle une peinture abstraite en mouvement qui dévoile l’essence des choses et des êtres. Quelle joie de contempler et de nommer à travers les énergies du feu, l’Esprit qui les anime et qui les harmonise.

 

Symbolique de la Belle au Bois dormant

A de Souzenelle

L’homme ne peut donc passer la Porte que dans la Connaissance qui, encore une fois, n’est pas connaissance intellectuelle, mais expérience vécue.

Quitter le premier étage de l’Existence pour entrer dans l’Etre, passer par la Porte étroite que les traditions nomment « Porte des Hommes », c’est l’ignorance pour vivre.
Qui peut donc passer cette porte ?

L’histoire bien connue de tous, celle de la Belle au bois dormant, nous le dit :

Depuis cent ans une princesse dort au milieu d’un château lui-même  enfoui  au milieu d’une forêt  qui s’épaissit de jour en jour, d’année, au point de devenir infranchissable, au point d’étouffer cette vie en sommeil. Avec la princesse dorment son chien, les domestiques, le château tout entier, le jardin…Au bout de cent ans, le fils du roi voisin apprend l’existence de la belle endormie. Son cœur s’enflamme pour elle. Il décide d’aller l’éveiller.
On devine les aventures du jeune prince débroussaillant la forêt pour y pénétrer et arriver à son cœur. Au bout d’un long temps, blessé de mille blessures, le prince brûlant d’amour vient déposer sur les lèvres de la princesse le baiser qui l’éveille. Avec elle – détail de première importance – le chien s’éveille, les domestiques, la maison, le jardin se réveillent . Tout ce petit univers ouvre les yeux. Que s’est-il passé ?

La belle qui dort est Tiphereth-Beauté, le soleil de l’être qui ne saurait briller avant que l’homme  n’en ait fait l’ascension. Il ne peut l’atteindre avant de s’être dépouillé de cette forêt psychique, consciente et inconsciente qui l’envahit, l’étouffe même peu à peu. Il ne peut entreprendre cette aventure qu’après avoir pris conscience de la présence de cette princesse, son être essentiel, spirituel, reflet du divin, promesse du divin, germe enfoui, endormi.

Le Prince charmant qui apprend la présence de la Belle, n’est autre que la conscience informée, capable d’orienter sur le chemin de l’aventure l’Homme éveillé au seul désir juste. Et l’homme ne peut vivre cette aventure que sous l’impulsion de l’amour, dans une dimension de l’amour dont, malheureusement, ce mot inimaginablement galvaudé de nos jours ne peut plus rendre l’acception. Seul l’amour vrai permet au prince de traverser les épreuves de la forêt. Lorsque le baiser est donné, c’est l’éveil de l’Être.

Notons qu’il s’agit en même temps de l’éveil du cosmos entier. Les familiers, le chien, le jardin sont les règnes qui tous attendent le réveil de l’Humanité pour briller de leur « vraie couleur ». Ceux qui en ont fait l’expérience, peuvent en témoigner : le quotidien, le geste quotidien vécu jusque-là dans la fadeur de la répétition, prend à cet étage un relief toujours nouveau : « Voici, je fais toute chose nouvelle. » (Apocalypse XXI 5) .

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